Le gouvernement a fini par caler ses nouveaux chiffres de croissance du PIB sur les projections de Bruxelles (+0,1 % contre +0,8 % précédemment en 2013), mais cette prévision semble encore optimiste. L’indicateur avancé de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel ou de l’Insee ne voient toujours pas de reprise d’ici à l’été et la plupart des divers instituts de conjoncture tablent sur une dégradation plus marquée (-0,2 % pour Coe-Rexecode, -0,1 % pour le Bipe). Selon ces deux instituts de conjoncture, la croissance française ne devrait pas dépasser +0,7% en 2014.
La dégradation de la situation économique française est confirmée par l’évolution de tous les indicateurs de conjoncture, ce qui nuit gravement au climat de confiance. Malgré de meilleures perspectives concernant l’environnement extérieur, le climat des affaires est resté défavorable en mars avec un indice nettement inférieur à sa moyenne de long terme. Les indicateurs sectoriels sont à des bas niveaux. Dans l’industrie, l’activité industrielle resterait dégradée au cours des prochains mois. Le solde des opinions des industriels concernant leurs perspectives personnelles ou générales de production a rechuté.
Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.
Si les carnets de commandes à l’exportation se regarnissent, les carnets de commandes globaux restent jugés très peu fournis. Néanmoins, l’activité industrielle a corrigé son recul en février, progressant de +0,7%. Pour la seule activité manufacturière, l’augmentation est de +0,8%, mais elle est encore inférieure de -3,4 % au niveau atteint l’année précédente. Le déficit commercial s’est élevé à 6 milliards en février 2013, plus de 70 milliards d’€uros l’an du fait du creux conjoncturel des livraisons aéronautiques et spatiales qui pèse sur les exportations industrielles.
La stagnation de l’économie française pèse sur le moral des ménages qui s’est dégradé de deux points à 84 points en mars 2013. Il reste très inférieur à sa moyenne de long terme (100).
Le pessimisme l’emporte en ce qui concerne le chômage qui retrouve son plus haut niveau depuis juillet 2009. Le nombre de chômeurs a de nouveau fortement progressé en février, atteignant 3.187.700 en France métropolitaine. Par ailleurs, la durée moyenne d’inscription au chômage s’est allongée à 482 jours. En février, le nombre de chômeurs inscrits depuis 3 ans au moins a dépassé la barre du demi-million. Une inversion de la courbe du chômage, d’ici à fin 2013, apparaît d’autant plus illusoire que la population active française continue de progresser à un rythme relativement soutenu. Au chômage s’ajoute la diminution du pouvoir d’achat des ménages (‑0,4% en 2012) que l’Insee explique par la forte hausse des impôts (+10% en 2012, après +6,6% en 2011) du fait de la poursuite du redressement des finances publiques. La masse salariale a continué à progresser en 2012 de +1,9%, après +2,9% en 2011, mais les prestations sociales reçues par les ménages ont été légèrement plus dynamiques qu’en 2011 (+3,6% après +3,2%).
Source : Insee
En 2013, les revenus d’activité devraient continuer à décélérer. Dans ce contexte, les achats des ménages en produits manufacturés ont de nouveau baissé de -0,7% en février. La moyenne correspondant aux trois derniers mois est au plus bas depuis la mi-2010, retrouvant le niveau de l’été 2007 ou du printemps 2008. Par ailleurs, aucun signe de redressement n’apparaît concernant les immatriculations de véhicules particuliers ou les intentions d’achat de logements. Pourtant les taux des crédits immobiliers devraient rester au plus bas.
En 2012, le déficit public s’est calé sur la barre des 4,8% du PIB après 5,3% en 2011 et plus de 7% les deux années précédentes. Ce résultat contribue à l’abandon de l’objectif à 3% dès 2013 et se situera vraisemblablement au voisinage de 4% (la prévision retenue fin février par la Commission européenne étant de 3,7%). La dette publique (1.833,8 milliards d’€uros à la fin 2012, soit 90,2% du PIB) a progressé de +6,8% en un an, en large partie sous l’effet de l’augmentation de l’endettement de l’État (+7,8%).